Le président de l’X échange avec les représentants des anciens élèves

Suite au débat suscité par le projet d’implantation de Total dans la communauté des anciens élèves, le président de l’X organisé une visio-conférence à destination des représentants des élèves (kessiers) des anciennes promotions afin de défendre le projet et répondre à leurs questions.

Compte rendu de l’échange entre Éric Labaye et avec une cinquantaine d’anciens kessiers sur le partenariat X-Total – 23 avril 2020

Le contexte dans lequel s’inscrit le projet
Eric Labaye présente le plan d’évolution de l’école à 10 ans. Il rappelle la demande des tutelles de renforcer les liens public-privé. Il présente un projet “d’innovation park”, qui se situerait au nord est du campus, et se ferait sur le modèle de ce qu’a fait l’EPFL. Le projet Total, même s’il est antérieur à l’élaboration de ce plan, en serait la première pierre.

Eric Labaye rappelle que ce projet ne date pas d’hier, qu’il en a hérité de son prédécesseur, qu’il a été adopté à l’unanimité par le conseil d’administration de l’école, ce incluant les représentants des élèves. Total a déjà accepté de déplacer le bâtiment à la demande des élèves pour épargner des arbres. La contestation du projet est un phénomène nouveau.

Des participants soulignent que l’adoption par le CA s’est fait en fin de séance, sans débat, sur ce qui était perçu par plusieurs administrateurs comme un “pré-projet”.

Discussion sur les bénéfices pour l’école

> Au plan financier
Eric Labaye confirme que les autres financements de Total – dont la chaire énergie – n’ont pas de lien avec le projet de bâtiment. Les contreparties financières sont donc :
– le loyer du bâtiment, fixé par l’Etat, pour une valeur de 50k€/an
– la valeur résiduelle du bâtiment, qui reviendra à l’école lorsque le bail arrivera à son terme. E. Labaye affirme qu’en “net present value” cela revient à faire payer un loyer comparable à celui que paye les autres entreprises là où les écoles sont propriétaires du foncier.
Plusieurs participants s’étonnent du faible montant du loyer, et sont dubitatifs sur le fait que le bâtiment puisse avoir à long terme une valeur résiduelle significative : il semble donc que le projet ne contribue pas de manière significative au financement de l’école.

> En terme d’image
Eric Labaye souligne que l’école et l’institut polytechnique de Paris ont besoin de pôles de recherche à forte notoriété internationale pour asseoir leur attractivité. Le fait d’avoir un centre de recherche privé sur les énergies bas-carbone y contribue, sachant que Total est acteur majeur du domaine en France.
Plusieurs participants attirent  à l’inverse l’attention sur les sérieux risques en terme d’image qu’il y a à associer l’X à Total :
– le campus pourrait dans devenir un abcès de fixation pour les activistes climatiques, une sorte de “ZAD”, ce qui serait là encore catastrophique pour l’image de l’X.
– l’image internationale de Total, c’est d’être avant tout un acteur majeur dans l’énergie fossile..
– Parier l’image de l’X sur une hypothétique sortie de Total des énergies fossiles, alors qu’il n’y a aucune visibilité, est déraisonnable.

> En terme de synergies
Eric Labaye rappelle que tous les rapports sur l’industrie en France souligne la nécessité de renforcer le lien entre enseignement supérieur, recherche publique et entreprises privés. Ce projet s’inscrit dans cette perspective.

La Kès 2018 souligne que ce qui pose problème aux élèves, ce n’est pas d’avoir un centre de recherche de Total à proximité du campus, c’est de l’avoir au coeur du lieu de vie des élèves, à côté du magnan et sur le chemin des terrains de sport, tant en raison de l’impact pour l’image de l’école que du risque d’influence sur la scolarité des élèves.

Des participants rappellent que dans les universités américaines comme à l’EPFL il y a une séparation claire entre le campus et les entreprises privés, ce qui ne serait pas le cas avec la localisation actuelle du bâtiment Total. Que ce qui pose problème, c’est d’avoir 250 salariés de Total au milieu des élèves.

Eric Labaye rappelle que le bâtiment sera positionné en face du bâtiment Drahi, qui héberge déjà des entreprises.

Des participants soulignent que ce n’est pas la même chose d’avoir une multitude de petites start-up, visant à stimuler l’esprit d’entreprenariat à l’X, et 250 salariés d’un groupe comme Total.

Eric Labaye estime qu’abandonner ce projet serait un mauvais signal envoyé aux entreprises qui envisagent de collaborer avec l’X.

Les alternatives
Eric Labaye présente les 2 options qui ont été discutées  au Conseil d’administration :
1- la première consiste à déplacer le bâtiment d’une centaine de mètre vers l’est, à la place des terrains de tennis, au milieu de ce qui serait le futur “innovation park”. Elle induirait un retard d’une année sur le projet
2- la deuxième serait de le déplacer vers l’ouest, derrière les laboratoires. Elle induirait un retard de 3 ans, du fait de la nécessité de restructurer le bâti dans cette zone.

La Kès 2018 indique qu’elle s’oppose au choix 1 , et soutient le choix 2. Le choix 1 ne change rien au regard des inconvénients de la localisation actuelle, tout en renchérissant le coût du projet. Le choix 2 en revanche répond aux problématique soulevées.

Plusieurs participants soutiennent la position de la Kès 2018.